Fin septembre, Dalkia a dévoilé la nouvelle version de son site web institutionnel. C’est à ma connaissance l’un des premiers sites entièrement éco-conçu pour une entreprise de cette envergure. Cette démarche entre en cohérence avec le cœur de métier de cette filiale du Groupe EDF : développer les énergies renouvelables et de récupération locales pour les collectivités et les entreprises et les aider à réduire leurs consommations d’énergie et diminuer leurs émissions de CO2.
Une démarche complète d’éco-socio-conception web
Dans cette démarche d’éco-conception, plusieurs leviers d’action complémentaires ont été activés.
- Allègement des contenus : réduction du poids des pages en octets pour limiter l’énergie dépensée par les serveurs pour les stocker et par les utilisateurs pour les consulter. Ainsi, les photos sont toutes traitées en une seule couleur et avec un nombre de pixels assez faible. Il y a peu de vidéos et de PDF sur le site et ces fichiers ont été compressés. Le nombre de pages a été divisé par 4 (hors rubrique « offres d’emploi »), avec des parcours simplifiés pour les utilisateurs.
- Lecture à la demande des vidéos. Il y a donc moins de vidéos sur le site et, de surcroît, elles ne sont lues (et chargées) que par les personnes qui le souhaitent. Le principe de lecture automatique a été abandonné.
- Des flux réduits : grâce à des choix en matière de développement technique et de codage, les flux de données entre le site et les serveurs sont limités.
- Amélioration de l’accessibilité : navigation avec synthèse vocale et/ou plage braille, lecture des contenus image et vidéo en utilisant les alternatives sous forme de texte, ajustement de l’affichage : agrandissement ou rétrécissement des caractères, modification des couleurs, augmentation des contrastes, etc., navigation sans souris, via le clavier, les écrans tactiles ou tout périphérique adapté. Comme cela est précisé sur la page dédiée, 94,1 % des critères RGAA sont ainsi respectés.
- Un hébergement et une architecture plus responsables. L’hébergement du site utilise plus de 50% d’énergies renouvelables. Le nombre de serveurs a été réduit, passant de 7 à 2. Cela est possible parce que le site est statique et que les contenus ne sont actualisés qu’une fois par jour. Cette architecture minimaliste permet de n’avoir à sauvegarder qu’un seul serveur, mais aussi de pouvoir éteindre le second tous les soirs et les weekends.
- Mesure de la performance environnementale de chaque page. La note EcoIndex de chaque page est indiquée sur le bandeau latéral. Sur le même principe que les étiquettes-énergie des équipements électroménagers, cette note de A à G prend en compte trois paramètres techniques : la complexité de la composition de la page, le poids des données transférées, le nombre de requêtes HTTP.
Pédagogie et co-construction
Les efforts de pédagogie autour de la démarche méritent d’être soulignés : pop-up lors de la première arrivée sur le site, page et vidéo de présentation de la démarche. Comme nous le rappelons régulièrement avec Valérie Martin et Thierry Libaert lors de nos conférences sur la communication responsable, cet effort de pédagogie est indispensable pour accompagner les publics dans leur réception de ces outils de communication différents, qui peuvent parfois surprendre. C’est aussi très utile pour les autres acteurs de la filière communication, qui pourront ainsi y puiser des idées.
On constate aussi que ce projet a mobilisé plusieurs compétences dans l’entreprise (communication, DSI…) et bien sûr les partenaires (agence, hébergeur…). Cela illustre bien le fait que les projets d’éco-conception sont par nature des projets collectifs.
Point de vigilance : la posture de communication
De mon point de vue, cette démarche ambitieuse et exemplaire est un peu ternie par la posture de communication qui manque de modestie. Prenons par exemple, le message qui apparait en pop-up sur la page d’accueil lors de la première visite indique : « Saviez-vous que numérique équivaut au 6e pays le plus pollueur au monde ? Face à ce constat alarmant et pour limiter ses émissions de CO2, Dalkia lance le premier site web écoresponsable sur le marché de l’énergie. Nous nous engageons de façon durable vers la neutralité carbone ! ».
Il est clair que la contribution de cette démarche d’éco-conception appliquée à un site web est ridiculement petite par rapport aux autres activités de l’entreprise. Ce n’est pas ce projet web qui va permettre à Dalkia de réduire significativement ses émissions. De surcroît, l’affichage d’un pictogramme avec une planète Terre et la feuille verte (cf. capture d’écran ci-dessous) est malvenu, c’est un signe classique de greenwashing.
Cette démarche d’éco-conception apporte surtout un gain de cohérence entre l’activité de l’entreprise et ses outils et actions de communication. Nul doute qu’elle contribue aussi à motiver les équipes communication et informatique et à améliorer la marque employeur !