Accompagner le changement : de la théorie à la pratique

L’Agence locale pour l’énergie et le climat de l’Isère (ALEC) a publié en décembre 2011 un dossier intitulé « Accompagner le changement : de la théorie à la pratique ».

La première partie de ce dossier (dont nous publions ci-après des extraits) s’attache à comprendre le processus du changement et tente d’apporter des éléments de réponse aux questions suivantes :

  • Pourquoi le passage à l’action est-il si difficile ?
  • Pourquoi une action de sensibilisation à elle seule ne modifie-t-elle pas sensiblement les habitudes des publics visés ?
  • Que peut-on attendre des différents modes d’accompagnement ?

La deuxième partie du dossier présente des campagnes de sensibilisation et des démarches d’accompagnement :

Pour télécharger le dossier complet, il suffit de cliquer ici.

Les étapes et les modes d’accompagnement du changement de comportement

Informer ne suffit pas pour peser sur les comportements d’autrui, alors, faut-il contraindre, punir, inquiéter, éduquer ? Comprendre le cheminement que va suivre un individu pour changer, permet de viser des actions adaptées et d’ être lucide sur les effets qu’elles auront.

D’après le modèle « des stades du changement » (modèle transthéorique de Prochaska et DiClemente), six étapes caractérisent ce processus de changement entre le moment où l’individu n’a pas l’intention de changer de comportement (précontemplation) et celui où le nouveau comportement adopté fera partie de son répertoire comportemental (maintien).

Il est important de noter que ce modèle n’est pas linéaire mais que ces stades suivent plutôt une progression cyclique, variable en fonction des individus : rechutes, « écarts de conduite » temporaires. Si l’individu revient momentanément en arrière, il ne perd pas les bénéfices acquis et progressera plus vite ensuite.

Les étapes et les modes d'accompagnement du changement de comportement

La précontemplation

À ce niveau, la personne n’est pas prête à changer de comportement : soit elle ignore le problème, soit elle pense qu’elle ne peut rien y faire.

Actions appropriées à ce stade : augmenter le niveau de conscience, favoriser les modifications « environnementales » (conférences, campagnes de sensibilisation…).

Indication de temps : Les personnes ne changeront pas de comportement dans les 6 prochains mois.

La contemplation

Ça y est ! Le problème est connu, la personne a compris l’intérêt de changer. Pourtant le passage à l’action n’est pas immédiat, les freins sont encore nombreux.

Actions appropriées à ce stade : l’éveil émotionnel, la réévaluation personnelle (visites de chantier, voyages d’étude, journée sans voiture, balades nature…).

Indication de temps : les intentions sont là, pourtant les bonnes raisons de ne pas changer sont encore tenaces. Cette phase dure en moyenne 2 ans.

La planification

On y est bientôt, c’est le stade de la planification, du plan d’actions. La personne s’organise pour changer.

Actions appropriées à ce stade : donner accès à de l’information pratique, favoriser l’engagement (signature de charte, organisation de salons, de permanences conseils, édition de fiches pratiques…).

Indication de temps : des initiatives vont être prise dans le mois.

L’action

Ça y est on ne dit plus, on fait ! Mais attention cette phase est fragile, la personne expérimente et se fait sa propre opinion face au nouveau comportement, le risque de rechute est grand.

Actions appropriées à ce stade : valoriser les pratiques, favoriser la satisfaction personnelle, la récompense (amener les personnes à témoigner, montrer leur exemplarité, leur permettre de rendre leurs actions visibles…).

Indication de temps : entre le moment où la personne déclare qu’elle va faire et le moment où elle fait pour la première fois, il peut s’écouler jusqu’à 6 mois. La phase d’action elle-même durera jusqu’à ce que l’objectif soit atteint.

Le maintien de l’action

La personne a effectivement changé son comportement, son objectif a été atteint, mais, là encore, le risque de rechute existe jusqu’à la phase suivante.

Actions appropriées à ce stade : les contre-mesures « environnementales », les relations d’aide (créer et faire vivre des réseaux, des collectifs…).

Indication de temps : au-delà de 6 mois, le risque de rechute diminue fortement.

La terminaison

Là, enfin, le retour à l’ancien comportement est très improbable. La personne a changé. Le nouveau comportement est devenu un automatisme : quelles que soient les conditions, elle ne retournera pas
facilement en arrière.

Le public arrivé à ce stade peut, à son tour, apporter son aide aux autres, par ses témoignages, son soutien, ses précieux conseils !

Le changement demande du temps

Pour accompagner des parcours de changement, il faut avoir conscience qu’il s’agit d’un processus de long terme. Certains modes d’accompagnement concernent un public à une étape précise et d’autres sont valables tout au long du processus.

La découverte et l’expérimentation, lors d’événements qui permettent de tester avant de s’engager, ne sont intéressantes que pour des personnes conscientes, en phase de contemplation ou préparation.

Le besoin d’échanger, de communiquer, de partager des expériences avec d’autres est valable tout au long du processus. Ainsi, la valorisation des pratiques (du premier geste au geste de pointe) est plus pertinente que des discours moralisateurs, culpabilisants ou trop globaux. La relation d’aide qui permettra de se situer sur un parcours de changement est importante dès lors que la personne est en phase de contemplation (quelles sont les étapes franchies, quelle est la suivante, comment la franchir ?). La relation d’aide consiste également à encourager les personnes tout au long de
leur parcours de changement, c’est le message « c’est bien, continue ». Elle ne néglige pas non plus la dimension sociale : les personnes peuvent se rendre compte qu’elles ne sont pas seules à changer.

Si la communication, positive, pratique, valorisante est importante, elle ne doit pas mettre de côté ceux qui veulent aller plus loin : prévoir une information de base puis des informations précises plus spécifiques. Un document simple, sur les grandes catégories de déchets est nécessaire pour informer les habitants qui commencent à trier. Une information plus précise, ciblée sur certains déchets, permettra à ceux qui trient déjà de lever certains doutes et d’affiner leurs pratiques. Proposer des bacs pour le compostage individuel
et prévoir le ramassage ou l’utilisation de celui-ci permettra d’aller encore plus loin.

Enfin, il est fondamental d’espérer le changement mais de renoncer à vouloir changer l’autre. Les psychothérapeutes le savent, il ne faut pas avoir de projet pour l’autre, vouloir changer l’autre est violent (c’est l’illusion de la toute puissance) et crée des résistances qui sont de véritables freins au changement.

La connaissance de ce parcours du changement doit donc permettre de proposer un accompagnement adapté à un public cible, en sachant vers quelle étape le guider. Il s’agit de faire correspondre action et objectif, en acceptant que certains publics ne seront pas concernés.


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