Pour le jour du Black Friday, alors que la plupart des commerces battent des records de ventes, les dirigeants de Camif.fr ont décidé de fermer leur site e-commerce, de mobiliser leurs collaborateurs et de sensibiliser les consommateurs aux effets néfastes de la surconsommation. De son côté, le réseau de recyclage Envie lance le « Green Friday », une journée de sensibilisation aux alternatives de consommation classique.
Extrait d’un visuel du réseau Envie – Green Friday
Black Friday : syndrome de la surconsommation
Le lendemain de Thanksgiving est un jour traditionnellement marqué aux USA par le démarrage des achats de Noël, boostés par des promotions et des horaires d’ouvertures spéciaux. Le concept s’est petit à petit déployé en Europe et en France.
Les marques promettent « des milliers d’offres exceptionnelles à prix cassé », des offres « jusqu’à -60% », « des centaines d’offres à prix incroyable »… Et comme une journée ne suffit pas, certaines enseignes lancent « la semaine Black Friday » ou « Black Friday Week ».
Black Friday est ainsi devenu le syndrome d’une surconsommation absurde au vu des défis actuels : changements climatiques, épuisement des ressources naturelles, amoncellement des déchets…
Le Green Friday du réseau Envie pour sensibiliser à l’allongement des durées d’usage
Le réseau de recyclage Envie lance le « Green Friday » : une journée de sensibilisation des Français aux alternatives à la consommation classique, relayée dans les 45 magasins du réseau partout en France : conseils, performances artistiques, ateliers de rénovation et de réparation, jeux concours, goodies durables.
Cette opération spéciale permet de valoriser l’engagement (depuis 30 ans !) du réseau Envie contre le gaspillage et l’achat neuf compulsif, en faveur du réemploi et de l’allongement des durées d’usage.
Camif décide de ne rien vendre et incite à donner plutôt qu’acheter
De leur côté, les dirigeants de Camif.fr ont choisi ce jour-là pour fermer leur site e-commerce et dire « stop » à la surconsommation. « Nous ne vendons rien, vous n’achetez rien. #OnDonneTout ». C’est par cette phrase que les clients de Camif.fr seront accueillis sur son site internet le 24 novembre 2017.
Le site fermé, c’est l’occasion pour les collaborateurs de la Camif de donner du temps à des associations et mettre en lumière les alternatives : à la Maison du Zéro Déchet à Paris, pour lutter contre le gaspillage, chez Emmaüs Défi, pour aider à la réinsertion et donner une seconde vie aux meubles, dans une ressourcerie pour développer l’économie circulaire ; chez ENVIE à Angers, association d’insertion spécialisé sur la collecte, le traitement, la réparation et le recyclage d’appareils électroménager.
Sur les réseaux sociaux, les internautes sont encouragés à suivre et partager via le hashtag #OnDonneTout leurs alternatives à la surconsommation : Refuser le Black Friday, Réduire ses déchets, Donner (des objets, du temps), Réparer, Recycler.
La légitimité des acteurs en question
Ces opérations entrent en résonance avec celle, fameuse, de Patagonia en 2011 (« Don’t buy this jacket »), là encore le jour du Black Friday. Mais attention, toutes les marques ne peuvent pas se permettre ce type de campagnes. Elles peuvent facilement être accusées de greenwashing, de faire une opération ponctuelle, un coup de com.
Le réseau Envie regroupe 50 entreprises d’insertion sur tout le territoire. Cela représente aujourd’hui 2 600 salariés dont 2 100 en insertion et 1/3 des déchets d’équipement électriques et électroniques français collectés. Depuis plus de 30 ans, Envie agit pour une société équitable qui reconnaît, respecte et donne sa place à l’individu et contribue à la limitation des déchets et à faire changer les modes de consommation. Sa légitimité pour lancer une opération comme Green Friday est indiscutable.
La Camif est également un acteur engagé en faveur d’une consommation plus locale et plus responsable, depuis moins longtemps mais depuis plusieurs années quand même. Nous avons pu en témoigner à plusieurs reprises sur ce site (valorisation de produits locaux ou portes ouvertes chez les artisans partenaires). Mais il convient de rester vigilant avec la succession de certains messages dans le temps, qui peuvent apparaître comme incohérents et semer le doute sur l’intégrité de la démarche.
Prenons l’exemple de l’article publié aujourd’hui par Le Figaro sur le Black Friday. L’opération de la Camif y est présentée et valorisée. Et en pied de page, on découvre le lien vers une interview du dirigeant titrée « La Camif mobilise ses clients pour pousser ses ventes ». D’un côté on ferme le site e-commerce pendant 1 journée et de l’autre on ouvre « 200 000 points de vente ». Une telle confrontation de messages contradictoires peut être néfaste.
La finalité des dirigeants de la Camif est bien sûr de développer le chiffre d’affaires et de créer de la valeur, tout en promouvant de nouveaux modes de consommation. C’est faisable mais cela nécessite une stratégie RSE intégrée et une vigilance au quotidien en communication.