Climat : les six visages de l’Amérique

Aux USA, un groupe de chercheurs s’est récemment attelé à l’analyse approfondie des perceptions et attitudes de la population. Face à la menace climatique, il apparait qu’elle est coupée en six catégories, des « alarmés » aux « méprisants » en passant par les « prudents ». Ce travail de segmentation de la population est primordial pour pouvoir, dans un second temps, concevoir des campagnes ciblées donc efficaces.

« Les six visages de l’Amérique face au changement climatique » (Global Warming’s Six Americas) est un projet de recherche du programme de l’Université de Yale sur la communication du changement climatique (Yale Project on Climate Change Communication) et du Centre de recherche sur la communication climatique (Center for Climate Change Communication) de l’Université George Mason.

Le public joue un rôle crucial dans la réponse de la société face aux bouleversements climatiques, à travers les usages de l’énergie à la maison et sur la route, les choix en tant que consommateurs, les normes sociales et les choix politiques. Partant de ce constat, ce projet :

  • interroge, explique et suit la compréhension par le public des causes, conséquences et solutions au changement climatique, l’appui aux politiques publiques et les freins et leviers pour l’action ;
  • conçoit et teste de nouvelles stratégies pour « engager » le public dans les sciences du climat et dans les solutions.

6americas_report.jpgLes chercheurs ont construit un panel représentatif de la population américaine constitué de 12 000 adultes et de 3 000 adolescents et, selon le site web, le projet a permis :

  • D’identifier les six visages de l’Amérique face au climat. Chaque profil répond à la menace climatique de manière différente et nécessite des actions d’éducation et de communication sur mesure.
  • De mettre en place un outil original pour tester les messages et les canaux de diffusion qui résonnent au mieux avec ces différentes cibles.
  • D’approfondir la connaissance des principaux leviers psychologiques, culturels et politiques relatifs aux attitudes et comportements des américains.
  • De produire des résultats directement utilisables par les décideurs politiques de tous niveaux, les ONG, les entreprises, les médecins et scientifiques et par les médias pour concevoir des actions efficaces d’éducation et de sensibilisation au climat.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le premier (2009) ou le second rapport (2010).

Les six visages de l’Amérique face au changement climatique

Seulement 55 % des américains se disent « très inquiets » ou « plutôt inquiets » (respectivement 16 et 39 %) contre 45 % « pas trop » ou « pas du tout inquiets » (26 et 19 %). 63 % pensent que le réchauffement climatique se produit réellement, 19 % qu’il n’est pas réel et 19 % ne savent pas. Quant à la communauté scientifique, les américains sont partagés : 39 % pensent que la majorité des scientifiques sont d’accord entre eux, 38 % estiment qu’il y a débat au sein de la communauté.

Selon les chercheurs, face au changement climatique, la population des USA est coupée en six catégories. L’ensemble du spectre des perceptions et attitudes est décrit : des personnes convaincues, inquiètes et motivées pour agir, jusqu’à celles qui pensent que le problème n’est pas réel et qu’il ne représente donc aucune menace.

Les alarmés (Alarmed) – 18 %

Ce sont les personnes les plus engagées dans le changement climatique. Elles sont très convaincues que le CC se produit, que les hommes sont à l’origine du problème et qu’il représente une menace sérieuse et urgente. Elles ont déjà fait des changements dans leur vie et soutiennent une réponse nationale agressive.

Les inquiets (Concerned) – 33 %

Ils sont aussi convaincus que le CC est un problème grave mais, alors qu’ils soutiennent une réponse nationale vigoureuse, ils sont moins impliqués et enclins à agir personnellement.

Les prudents (Cautious) – 19 %

Ils pensent également que le CC est un problème, même s’ils sont moins certains qu’il se produit effectivement que les « alarmés » et les « inquiets ». Ils ne le perçoivent pas comme une menace personnelle et ne ressentent pas l’urgence d’agir.

Les désengagés (Disengaged) – 12 %

Ils n’ont pas encore réellement pensé au problème, n’en connaissent pas grand-chose et sont les plus enclins à dire qu’ils pourraient facilement changer d’avis à propos du changement climatique.

Les incertains (Doubtful) – 11 %

Ils sont partagés en trois ensembles de taille équivalente : ceux qui pensent que le CC est une réalité, ceux qui pensent le contraire et ceux qui ne savent pas. Dans ce groupe, nombre de ceux qui « croient » au CC pensent que c’est un phénomène naturel, qui ne fera de mal à personne avant de nombreuses décennies et que les USA en font déjà assez en réponse à cette menace.

Les méprisants (Dismissive) – 7 %

Comme les alarmés, ils sont activement engagés mais à l’opposé du spectre. Ils pensent majoritairement que le changement climatique n’est pas réel, que ce n’est pas une menace pour l’Homme ni les écosystèmes et sont convaincus que ce n’est pas un problème qui nécessite une réponse nationale.

Les infographies

Comme souvent, des graphes valent mieux que de longs discours…

Figure 1 : Proportion de la population adulte américaine dans les six visages de l’Amérique

Vers la gauche : ceux qui croient le plus dans le changement climatique, les plus inquiets, les plus motivés. Vers la droite : ceux qui ne croient pas au réchauffement, les moins inquiets, les moins motivés.
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Figure 2 : Degré de certitude face au changement climatique

Classement du niveau 1 (extrêmement sûr que le changement climatique n’est pas réel) à 9 (certain que la Terre est en train de se réchauffer).
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Figure 3 : Importance accordée au problème, d’un point de vue personnel

Classement du niveau 1 (pas important du tout) à 5 (extrêmement important).
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Figure 4 : Inquiétude

Classement du niveau 1 (pas du tout inquiet) à 4 (très inquiet).
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Figure 5 : Solidité de l’attitude par rapport au climat

Réponses à l’affirmation « je pourrais facilement changer d’avis » classées du niveau 1 (je ne suis pas du tout d’accord) à 4 (tout à fait d’accord).
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Figure 6 : Niveau d’attention accordé au problème

Réponses à la question « Avez-vous beaucoup pensé au problème du climat avant aujourd’hui ? » du niveau 1 (pas du tout) à 4 (beaucoup).
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Figure 7 : Évaluation personnelle du niveau de connaissance

Moyenne des réponses aux questions « Personnellement, vous estimez-vous bien informé à propos des différentes causes, conséquences et moyens de lutte ? » classées du niveau 1 (pas informé du tout) à 4 (très bien informé).
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