Développement durable – Une communication qui se démarque

Paru sous la direction de Solange Tremblay, Nicole D’Almeida et Thierry Libaert, le livre Développement durable – Une communication qui se démarque traite d’un large éventail de questions, reflets de la complexité de la communication développement durable. Rencontre avec Solange Tremblay qui nous en donne les grandes orientations.

Bonjour Solange et bienvenue sur Sircome. Avec Thierry Libaert et Nicole d’Almeida vous avez dirigé l’ouvrage Développement durable – Une communication qui se démarque, paru en mars 2018. Il s’agit d’un ouvrage plutôt dense. Qu’est-ce qui en a guidé la réalisation ?

Merci de cette belle invitation à en parler. Nous avions convenu de travailler tous les trois ensemble pour publier un nouveau livre sur cette question depuis un certain temps. Mais ce qui lui a donné son véritable coup d’envoi est fixé dans un moment terrible qui a marqué la fin de l’année 2015. On se souvient des attentats du 13 novembre à Paris au moment même où allait y débuter la COP 21 sur le climat. De l’onde de choc qui s’est répandue aussitôt à travers le monde alors que l’attaque terroriste sur Charlie Hebdo en janvier 2015 était encore très présente dans les esprits. Mais à cette violence et à cet acharnement, plutôt que l’inaction et le repli, c’est une force solidaire et le pouvoir du nombre qui ont répondu : c’est un « non à la peur et un oui à la vie » qui ont pris corps dans les rues, dans les quartiers… un mouvement qui a rebondi de pays en pays.

Le cadre était donné. L’ouvrage démarre au cœur de la tourmente.

Développement durable – Une communication qui se démarque s’est ainsi inscrit dans un contexte de tensions, de terrorisme, d’intolérances. Et d’urgence climatique à l’échelle planétaire. Mais il s’y ancre avec cette même volonté qui grandit partout pour « porter la vie ».

L’ouvrage se structure dans cet esprit. Aux attaques au mot démocratie tout autant qu’aux fake news et « faits alternatifs » qui envahissent de plus en plus nos horizons, il propose une compréhension des responsabilités de la communication pour promouvoir un futur durable – en mettant le cap sur ces nouvelles pratiques qui parlent d’engagement citoyen, de communication engageante, dialogique, participative. L’ouvrage est un véritable plaidoyer pour une communication agissante.

Plusieurs échos positifs ont suivi la publication de l’ouvrage, tout autant dans les médias professionnels que dans les revues scientifiques. Une réimpression était même nécessaire quelques mois seulement après sa sortie. Comment expliquez-vous cet intérêt ?

Nous avons été très touchés par cet accueil. J’imagine que plusieurs éléments peuvent y avoir contribué. Notamment, la thématique générale assise sur les réalités actuelles. En fait, tout est lié puisque l’ouvrage répond à un besoin manifeste de cadres de réflexion et d’analyse qui permettent de donner force à l’argumentaire dans tous ses environnements d’expression. Car il faut bien le dire : il y a encore trop peu d’ouvrages sur la question. Au Québec et au Canada, il s’agit seulement du second titre à paraître sur cette question à l’échelle du pays. Mais la rareté est aussi rencontrée dans un horizon beaucoup plus large : selon un article tout récent portant sur la recherche en communication environnementale, seule une vingtaine d’ouvrages ont été écrits jusqu’à maintenant sur la communication environnementale ou la communication développement durable en langue française à l’échelle mondiale.

En outre, cet article pose votre ouvrage comme une référence de poids dans le monde francophone.

Oui, nous en sommes particulièrement heureux. Il est certain que la diversité des thématiques abordées et la qualité des collaborateurs qui s’y sont penchés y est fortement liée. On y traite de catastrophes climatiques, de tensions sociales, économiques et politiques. De discours organisationnels et de leurs dérives communicationnelles. De l’engagement citoyen de la jeunesse qui fait exemple à travers la planète. En fait, un effort véritable a été livré pour une mise à jour très actuelle des connaissances sur l’ensemble de cette question − sur un plan global bien entendu − car plusieurs autres aspects auraient pu être abordés qui ne l’ont pas été, vu les limites matérielles qui devaient être respectées.

Le titre de l’ouvrage apporte aussi son caractère distinctif.

C’est vrai, le titre établit le cadre général de toute l’architecture de l’ouvrage qui stipule clairement qu’il n’est pas simplement question de l’ajout d’un vocabulaire spécifique et de quelques valeurs générales aux autres pratiques de communication. Sans oublier toute dissociation de parenté avec la notion de « marque » comme référence à la société de consommation. Pour nous, il était nécessaire d’établir cette démarcation car on ne s’improvise pas spécialiste de la communication développement durable.

Votre ouvrage propose plusieurs analyses de situation et des perspectives scientifiques notamment sur la question climatique. Il a par ailleurs l’avantage que la plupart des thèmes abordés apportent leur lot de références bien concrètes applicables dès maintenant sur le terrain.

Oui, en effet. Et plusieurs chapitres sont aussi directement bâtis sur des problématiques concrètes rencontrés dans les pratiques des communicateurs, notamment celui sur le Greenwashing – que vous signez – qui analyse les mécanismes plus récents qui se sont développés en écho aux premiers gabarits qu’on a vus et revus à répétition durant les quinze dernières années. On y retrouve aussi un chapitre sur la reddition de comptes en rupture complète avec les modèles de communication descendante. Un autre sur la non-acceptabilité sociale face aux voix discordantes et dérangeantes dans les processus participatifs. Et d’autres encore. Et tous recoupent les mêmes valeurs : éthique, droiture, dialogue citoyen, engagement, responsabilité, imputabilité sociale.

Au moment de l’annonce de la réimpression, étiez-vous préparés pour des modifications à y apporter ?

L’information nous est arrivée à peine 4 mois après sa sortie. Nous étions fort heureux et enchantés de cet accueil qui s’est manifesté des deux côtés de l’Atlantique mais nous étions encore trop près de nos contenus pour y avoir réfléchi. Toutefois, l’année 2018 venait de débuter avec des événements importants faisant de la communication développement durable un enjeu de plus en plus important dans la pratique des professionnels. En France, l’Union des annonceurs venait de déployer un programme d’engagements concrets pour une communication responsable. Les associations québécoises renouvelaient leur engagement de mobilisation. Et quelques semaines seulement avant la réimpression, l’Association des Agences-Conseils en Communication (France) créait son Label Agences actives en matière de responsabilité environnementale et sociale. Avec leurs messages très forts −engagement, responsabilité, action − ces trois nouvelles fort réjouissantes y méritaient toute leur place. La nouvelle édition les a donc intégrées.

Pour une communication agissante. Voilà le fil conducteur du livre.


Andrea Catellani, Céline Pascual Espuny, Pudens Malibabo Lavu et Béatrice Jalenques Vigouroux, « Les recherches en communication environnementale », Communication, Vol. 36/2 | 2019, https://journals.openedition.org/communication/10559

Photo en haut de page prise en mars 2018 lors du lancement du livre Développement durable – Une communication qui se démarque à Montréal. (Crédits : Nathalie Choquette – NATHALIE PHOTOGRAPHIE).

 


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