Éco-musicologie : rock, folk et environnement

Greenwashing de Tryo, Respire de Mickey 3D, Aux arbres citoyens de Yannick Noah… Je me suis toujours demandé quel était l’impact de la musique sur les perceptions et les attitudes environnementales du public. Pas vous ?

Marc Pedelty est le leader du groupe Hypoxic Punks. Il est également professeur associé à l’école de communication et de journalisme de l’Université du Minnesota aux USA (voir son profil). Ses recherches en communication et anthropologie portent sur la musique comme vecteur de communication environnementale. Il est notamment l’auteur de l’ouvrage Ecomusicology: Rock, Folk, and the Environment.

Dans une interview pour Great Lakes Echo, Marc Pedelty explique que ce qui l’intéresse, c’est de comprendre comment la musique participe aux perceptions et aux actions relatives à la protection de l’environnement.

« Sur le plan environnemental, ce qui est frappant avec la musique, c’est qu’elle engage le public d’une manière unique par rapport aux autres moyens de communication. En particulier, elle parvient à connecter le public avec un territoire donné », explique-t-il.

Par exemple, « la chanson Roll on Columbia provoque chez les habitants de la région un fort sentiment d’attachement à cette zone géographique et à ses caractéristiques environnementales ». Ce classique de Woodie Guthrie parle de la beauté et de l’histoire de la Columbia River et contribue au désir de la protéger (cf. montage vidéo ci-dessous).

Ainsi, la musique peut donner du sens et un ancrage aux caractéristiques et problématiques locales et motiver le public à agir pour préserver cet environnement qui leur est cher. « Plus que tout, j’ai réalisé que jouer de la musique était particulièrement efficace pour créer ce sentiment d’intimité et de communauté ».

En 2012, Marc Pedelty a réalisé un documentaire (ci-dessous) au sujet de la création de jardins pluviaux par les habitants d’un quartier de Minneapolis. Alors que les Hypoxic Punks jouaient au profit de ce projet, le chercheur/chanteur a remarqué combien le sentiment d’appartenance à une communauté était important pour la réussite de ce projet, et combien la musique pouvait favoriser cela.

« Cette capacité à connecter et mobiliser les habitants par la musique est inexploitée. Il y a quelque chose d’étrange avec ce que nous appelons musique et qui est vraiment différent de tous les autres sons que produisent les animaux. La manière dont la musique fonctionne et opère sur de nombreuses zones de notre cerveau lui confère un rôle particulier. » En effet, ne faut-il pas jouer de la musique à chaque événement social important pour qu’il soit réussi ? Marc Pedelty est convaincu que la musique est un élément incontournable de la sensibilisation à l’environnement et au développement durable.

A Neighborhood Of Raingardens from Mark Pedelty on Vimeo.

Finalement, les trois exemples français que je donne en introduction à cet article ne sont pas les plus pertinents. Ils participent et répondent sûrement à une prise de conscience générale sur l’environnement mais ne correspondent pas à cette idée d’ancrage local et de passage à l’acte. Le concert Festi-ZAD organisé il y a quelques jours à Notre-Dame-des-Landes est davantage dans l’esprit-là. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous d’autres exemples ?


Cette vidéo est publique. Festi-ZAD de… par myfanch


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