Entreprises et COP21 : faut-il vraiment communiquer sur le climat ?

Paris se prépare à accueillir la conférence internationale des Nations-Unies sur le climat (COP21). Les représentants de près de 200 pays se réuniront au Bourget en décembre pour décider (ou pas) de mesures permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre et l’impact des changements climatiques. Il est clair que le sujet fera la « une » de tous les médias pendant plusieurs semaines. Pour les entreprises, la COP21 est une bonne occasion de communiquer. Mais pour dire quoi et à qui ? Et quels sont les risques à éviter ?

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Informer et mobiliser les salariés

Du fait de sa localisation en France et des enjeux qui y sont rattachés (la définition d’une suite au Protocole de Kyoto), la COP21 va générer une couverture médiatique sans précédent sur le thème des enjeux climatiques. Cela représente une opportunité pour renforcer la communication interne sur le sujet, pour expliquer aux salariés à quel degré leur entreprise et eux-mêmes sont concernés.

Quels sont les principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise ? S’agit-il des process de fabrication, de l’extraction des matières premières, des déplacements professionnels des salariés ou encore de l’usage du produit ? Les organisations ayant réalisé un bilan carbone pourront répondre de manière assez précise à ces questions. La vulgarisation et la visualisation seront des atouts précieux pour toucher les différents profils et fonctions dans l’entreprise.

Quelles sont les actions mises en place pour réduire cette empreinte carbone ? Quels sont les objectifs fixés et les résultats observés ? Sans oublier les difficultés rencontrées ! Pour rendre le discours plus concret et plus attrayant, n’hésitez pas à décrire le rôle joué par vos salariés et vos partenaires et à leur donner la parole via des témoignages. Il s’agit de partager les expériences mais aussi de valoriser les engagements des uns et des autres.

Pour cela, vous pouvez exploiter tous les outils de communication interne déjà en place : site intranet, newsletter ou journal interne, réseau social interne, affichage dans les lieux de convivialité… Des événements dédiés peuvent aussi être mis en place localement pour faciliter les échanges directs et les expérimentations, par exemple avec l’essai de véhicules électriques ou une démonstration du dispositif de visioconférence sur le thème de la réduction des émissions liées aux déplacements des salariés.

Parmi les points de vigilance, citons les risques de saturation des publics et d’échec de la conférence :

  • Le bruit médiatique sur le climat sera important. Cela peut servir à accrocher l’intérêt de vos salariés mais certains pourront aussi arriver rapidement à saturation et ne plus pouvoir « avaler » la moindre information sur le climat. Il faut donc rester mesuré.
  • Les résultats des négociations pourraient être décevants. Pour éviter que le soufflé ne retombe ensuite (comme cela a été le cas après la COP15 de Copenhague), il ne faut pas placer tous vos espoirs dans l’issue de cette énième conférence internationale. N’hésitez pas à rappeler que certaines actions de réduction des émissions permettent de faire des économies, d’être plus compétitif, d’améliorer les produits et d’accroître la qualité de vie au travail…

Convaincre les clients

Vos engagements et réalisations pour réduire votre empreinte carbone sont exemplaires ? Votre offre permet à vos clients de réduire significativement leurs émissions de gaz à effet de serre ? Elle leur permettra de mieux résister aux aléas climatiques ? Alors, la COP21 est une excellente occasion pour le faire savoir ! (Sinon, mieux vaut rester discret.)

Pour vous distinguer du bruit ambiant, une campagne de publicité nécessitera un investissement conséquent et vous exposera à des critiques (comme ici) voire à des accusations de greenwashing (exemple). Privilégiez plutôt la communication vers une audience qualifiée et réduite.

Pour cela, vos équipes commerciales sont indispensables. Oui, mais quelles sont leurs perceptions des enjeux climatiques, de la plus-value de vos engagements et de vos offres ? Sont-ils capables d’argumenter sur la réduction des émissions associées à telle ou telle solution ? Ont-ils conscience de l’évolution des attentes des clients sur ce sujet ? Un accompagnement spécifique des commerciaux est donc indispensable, par exemple sous la forme d’un module d’e-learning dédié.

Vous pouvez profiter de l’occasion pour refondre votre plaquette commerciale et vos fiches produits, pour mieux mettre en valeur la plus-value climatique de votre offre et de votre entreprise. Gardez bien en tête les principaux signes de greenwashing, pour mieux les éviter :

  • une promesse disproportionnée (laisser croire à un intérêt climatique du produit ou service supérieur à ce qu’il est réellement) ;
  • des visuels suggestifs (image d’un ours polaire, de la banquise, label « protège le climat »…) ;
  • une absence de preuve (vocabulaire imprécis, affirmations non prouvées…).

Dans tous les cas, n’oubliez pas d’alimenter votre site web et vos réseaux sociaux en contenus complémentaires et de maintenir une cohérence entre vos différents supports de communication.

Prendre la mesure des enjeux et agir

Mais peut-être que vous n’avez pas encore pris la mesure des enjeux ? Peut-être avez-vous le sentiment que votre entreprise n’est pas réellement concernée par les changements climatiques ?

À lire certains titres de presse ou campagnes d’ONG, on peut en effet avoir l’impression qu’il s’agit d’une problématique doublement lointaine (géographiquement et temporellement) et dont les solutions sont entre les mains des dirigeants des grands pays et groupes industriels les plus polluants.

Détrompez-vous. Toutes les régions du monde (bien sûr de manière inégale) sont concernées et subissent déjà des conséquences du réchauffement global. Et puisque toutes nos activités génèrent des émissions de gaz à effet de serre, tous les acteurs doivent se mobiliser pour les réduire afin de limiter les impacts : pouvoirs publics, petites et grandes entreprises, citoyens.

Salariés, partenaires, clients, riverains… Toutes vos parties prenantes peuvent légitimement s’interroger sur la contribution de votre à entreprise à la lutte collective contre les changements climatiques. Et surtout, les actions mises en place dans ce cadre ont des co-bénéfices intéressants : économies, différenciation commerciale, motivation des salariés… La COP21 est donc une bonne occasion de définir une stratégie, de mobiliser les forces vives et de mettre en place les premières actions concrètes.


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