Le côté sale des énergies propres

La Fondation Rio Baker ] a diffusé mi-février une série de trois affiches montrant des animaux en train de se noyer, engloutis sous des mètres d’eau. Encore un effort de sensibilisation aux conséquences de l’effet de serre ? S’il est vrai que plusieurs annonceurs ont utilisé [cette vision des mondes engloutis, ce n’est pas le cas ici. L’ONG chilienne souhaite attirer l’attention du public sur les conséquences de l’aménagement de barrages hydroélectriques géants le long des fleuves et, en particulier, leur impact sur la flore et la faune de toute la région submergée par le lac de retenue.

L’explication est fournie par le slogan : « The dirty face of « clean » energy. With dams, Patagonia is on its way to extinction » (en français : « Le côté sale des énergies « propres ». Avec les barrages, la Patagonie est sur la voie de l’extinction »).

Afin de toucher le maximum de personnes, ce sont des animaux emblématiques qui ont été choisis :

  • le huemul (cerf du sud andin), en danger d’extinction,
  • le puma (plus grand prédateur de Patagonie), espèce protégée
  • et le Vanneau tero, un oiseau très connu et typique de la région.

Autre point fort, cette campagne nous force à retirer ces oeillères que l’on porte souvent quand on regarde les énergies décarbonées. Certes, de tels barrages fourniront beaucoup d’énergie « bas carbone » et possèdent donc de formidables atouts dans un contexte de lutte contre les changements climatiques. Toutefois, les autres impacts écologiques et sociaux de ces ouvrages sont potentiellement très importants et ne doivent pas être occultés. La Fondation souligne donc à juste titre que les énergies « propres » ont une face cachée, bien moins reluisante. Il faudrait passer le message à Areva !

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Patagonia ¡Sin represas!

Cette action de sensibilisation intervient dans un contexte particulier où cinq projets de barrages géants et de lignes à haute tension (plus de 2000 km) sont à l’étude en Patagonie chilienne. Ils concernent les fleuves Barker et Pascua, situés dans cette région du Sud du Chili encore largement vierge et préservée. Une décision importante relative au dossier environnemental de ces projets devrait être prise en avril prochain. La pression s’accentue donc sur le gouvernement chilien.

Les nombreuses campagnes (cf. quelques visuels et films ci-après) jouent sur la beauté et la richesse de cette région, la défiguration à venir du paysage (avec des montages avant-après) et sur les mensonges de la société HidroAysén, porteuse de ces projets. Plusieurs parodies des spots publicitaires ont aussi été réalisées. Bref, tous les moyens sont bons pour faire entendre un autre discours que celui d’HidroAysén.

Pour en savoir plus sur la situation au Chili :

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En faveur de l’eau

Ces projets industriels sont portés par la société HidroAysén qui communique elle aussi largement sur le sujet avec une campagne intitulée « En faveur de l’eau ». La petite animation qui se lance à l’arrivée sur le site web présente l’argumentaire (simpliste !) de la société :

  • Le CO2 est le principal responsable du réchauffement climatique.
  • 56 % de l’énergie chilienne est produite en émettant ce gaz.
  • L’eau est une énergie propre.

La démonstration est limpide : « En faveur de l’eau. Propre. Renouvelable. Chilienne ». Plusieurs spots télévisés viennent appuyer ce discours. Ils reprennent les arguments les uns après les autres : le Chili importe beaucoup d’énergie de l’étranger ; le réseau électrique a atteint ses limites (Quand une femme utilise son sèche cheveux, ce sont les projecteurs d’un stade qui s’éteignent. Quand un livreur de pizza appuie sur l’interphone, les lumières d’un bloc opératoire faiblissent !) ; le vent et le soleil ne suffiraient pas à subvenir aux besoins énergétiques du Pays ; etc.

Pour finir, jetons un coup d’œil au site Internet d’Enel, la multinationale italienne de l’énergie qui possède plus de 50 % des parts d’HidroAysén. Résultat :

  • Quatre mots clefs : l’énergie du monde, la stratégie climatique, la gouvernance d’entreprise, la responsabilité.
  • Une affirmation : « Sur le chemin d’une économie durable. Il y a des discours. Mais surtout des actions. »

Cela vous étonne ?

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