Léa Niang : décrypter la communication inclusive et ses enjeux

Dans ce nouvel épisode de « La #comresponsable en action », nous donnons la parole à Léa Niang, consultante en communication inclusive.

Extraits : « J’aide les entreprises à rendre leur communication plus inclusive, afin d’élargir leur audience cible tout en impactant positivement la société. » « Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas continuer à travailler pour des entreprises qui ne comprennent pas les enjeux d’inclusivité. » « Je suis convaincue que les entreprises ont un rôle à jouer dans le changement vers une société plus juste et plus égalitaire. » « Mon métier est né de mes convictions personnelles et notamment de mes convictions féministes : je n’ai pas l’intention de les censurer. » « Ma plus grande satisfaction c’est de constater que de plus en plus de personnes s’intéressent sincèrement au sujet de la communication inclusive. » « Mon credo : c’est à petite échelle que naissent les grands changements ! »

Léa Niang : décrypter la communication inclusive et ses enjeux

Bonjour Léa et bienvenue sur le blog de MJ Conseil. En quelques mots, pouvez-vous décrire votre parcours et la fonction que vous occupez actuellement ?

Je suis consultante et formatrice en communication inclusive. J’aide les entreprises à rendre leur communication plus inclusive, afin d’élargir leur audience cible tout en impactant positivement la société. J’interviens auprès des équipes sous forme de workshops ou de conférences pour les former aux thématiques et aux enjeux de l’inclusivité.

Côté consulting, je fais de l’audit et du conseil dans des entreprises de différentes tailles intéressées par la communication inclusive pour les conseiller sur la façon dont elles pourraient l’implémenter (ou l’améliorer !) dans leur business.

En parallèle, je suis l’autrice d’une newsletter qui s’appelle « Make it inclusive » et qui décrypte la communication inclusive et ses enjeux.

Je me suis lancée dans l’aventure de freelance il y a 4 ans maintenant. Dans ma vie d’avant, j’étais spécialisée dans le social media management. Et c’est fin 2020 que j’ai décidé de me spécialiser en communication inclusive.

À quel moment avez-vous « basculé » dans une approche plus responsable de votre métier ? Savez-vous ce qui a provoqué votre prise de conscience ?

En réalité, les sujets d’inclusivité m’intéressent et m’animent depuis longtemps.

Courant 2020, j’ai travaillé comme freelance pour une entreprise qui s’adresse à des jeunes mais qui n’était pas particulièrement dans une démarche d’inclusivité. Ça a fait un déclic ! Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas continuer à travailler pour des entreprises qui ne comprennent pas les enjeux d’inclusivité. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de lier mes convictions personnelles et professionnelles.

Féministe, militante et passionnée par les sujets d’intersectionnalité et de justice sociale, je suis convaincue que les entreprises ont un rôle à jouer dans le changement vers une société plus juste et plus égalitaire.

Concrètement, comment se traduit votre engagement dans votre activité au quotidien ?

Mon engagement se traduit bien sûr dans les formations que je propose. Celles-ci permettent en effet aux entreprises de se former aux enjeux de l’inclusion. Elles y découvrent les démarches qu’elles peuvent mettre en place afin d’œuvrer concrètement pour plus d’inclusivité dans la société.

Je pense qu’il se traduit également dans ma façon de travailler. J’ai un véritable parti pris. Mon métier est né de mes convictions personnelles et notamment de mes convictions féministes : je n’ai pas l’intention de les censurer.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ? Y a-t-il des idées reçues contre lesquelles vous devez lutter ?

La principale difficulté actuelle réside dans le fait que les sujets de diversité et inclusion font désormais partie des objectifs RSE d’une entreprise. C’est une bonne nouvelle, mais pour certaines entreprises cela se résume à une case à cocher, sans forcément mettre en place des actions concrètes avec un budget et une équipe dédiée. Cela peut d’ailleurs être assez frustrant de consacrer son énergie à une mission de conseil, puis constater que ça ne suit pas dans la pratique.
De plus, ce sont encore malgré tout des sujets un peu « touchy ». Les personnes auxquelles on s’adresse via les formations ou le consulting peuvent parfois se montrer réfractaires quant à certains sujets, que cela soit par manque de compréhension ou par manque de connaissance. Cela peut donc ralentir le processus.

Par exemple, j’ai donné une formation sur le langage inclusif dans une entreprise. Cette formation avait été décidée par la direction et rendue obligatoire pour tout le monde. Elle s’est beaucoup moins bien passée que celles que je donne habituellement, de nombreuses critiques ont été faites… ça a été compliqué. Certaines personnes ont remis en question l’utilité du langage inclusif, d’autres ont exprimé leur réticence quant à l’utilisation du point médian… Des femmes ont même dit qu’elles ne se sentaient pas exclues par l’utilisation du masculin générique, qu’utiliser l’écriture inclusive c’est en « faire trop ». Quand j’ai abordé l’utilité de « démasculiniser » certains termes dans les offres d’emploi – les études montrent que le fait d’utiliser certains termes comme ‘expert’, ‘pression’ ou ‘exigeant’ poussent les femmes à moins postuler – on m’a répondu que c’était faire les choses à l’envers car ce serait une manière de « baisser les exigences » de l’entreprise vis-à-vis des candidates. Alors que cette même formation, adressée à une structure en demande, se passe d’habitude parfaitement bien.
Enfin, la thématique de la communication inclusive est assez nouvelle en France, on a donc tendance à s’inspirer de ce qui se fait outre-Atlantique ou outre-Manche.

À l’opposé, quelles sont les satisfactions que vous trouvez dans votre activité ? Où puisez-vous votre énergie ? Est-ce que vous aimez votre travail/activité et pourquoi ?

Ma plus grande satisfaction c’est de constater que de plus en plus de personnes s’intéressent sincèrement au sujet de la communication inclusive et se rendent moteur du changement, à leur échelle ou dans leur entreprise.

Par ailleurs, je tire beaucoup d’énergie de mes discussions avec des militant·e·s, activistes, féministes et de façon générale toutes les personnes très engagées sur les sujets sociétaux. Les réseaux sociaux sont précieux pour ça : des communautés se créent autour de tous ces enjeux.

Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée force à transmettre à nos lecteurs ?

Je vous partage mon credo : c’est à petite échelle que naissent les grands changements. Il ne faut surtout pas négliger l’impact que l’on peut avoir en tant qu’individu !

Pour suivre Léa : son site web, son profil Linkedin, sa newsletter.

La #comresponsable en action

Dans le contexte actuel de remise en question de la filière communication, le cycle d’entretiens « La #comresponsable en action » valorise les professionnelles et les professionnels qui s’engagent dans des pratiques plus responsables. Chez l’annonceur, en agence ou freelance, dans le privé, le public ou le secteur non-marchand, avec une certaine expérience ou un regard neuf… toute la diversité de la filière communication est représentée. Quel a été leur parcours ? Quelles sont les difficultés rencontrées et les sources de satisfaction ? Quels sont les projets dont elles ou ils sont particulièrement fières et fiers ?

Retrouvez sur cette page la liste de tous les témoignages.


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